I
Nous sommes au tout début, vois-tu.
Comme avant toute chose. Avec
Mille et un rêves derrière nous et
sans acte.
II
Je ne peux penser plus heureux savoir
que cet unique- ci :
qu'il faut devenir un initiateur.
Un qui écrit le premier mot derrière un
séculaire
tiret.
III
Cela me vient en observant ceci : que
nous en sommes encore à peindre les
hommes sur fond d'or, comme les tout
premiers primitifs. Ils se tiennent devant de
l'indéterminé . Parfois de l'or, parfois du gris.
Dans la lumière parfois, et souvent avec,
derrière eux, une insondable obscurité.
IV
Cela se comprend. Pour distinguer les
hommes, il a fallu les isoler. Mais après une
longue expérience il est juste de remettre
en rapport les contemplations isolées, et
d' accompagner d'un regard parvenu à
maturité leurs gestes plus amples.
V
Compare une fois une image du Trecento
sur fond d'or avec une des nombreuses
compositions plus tardives des maîtres
anciens italiens, où les figures se rencontrent
pour une Santa Conversazione devant
l' éclatant paysage dans l'air léger de
l' Ombrie. Le fond d'or isole chaque figure,
le paysage luit derrière elles comme une âme
qu'elles ont en commun, et d'où elles tirent
leur sourire.
( ... )
" Notes dur la mélodie des choses" aux Editions Allia- 2008.
Traduit de l' allemand par Bernard Pautrat.
Pages 9, 11, 13
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